A Stuttgart...
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Mercedes-Benz 500 SL."
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God save the star."
Depuis l'arrivée de la Classe S Type "W126" en 1981, Mercedes à presque entièrement renouvelé sa gamme en quelques années à peine. En 1982 arrive la "190" puis en 1984 la "W124". Le style année 80 évolue, le chrome s'efface, les volumes s'affirment et le plastique s'impose. Très cohérente, cette gamme propose toujours son "vieux" roadster "SL" au catalogue depuis 1971. Certes la petite décapotable étoilée reste un délicieux objet de désir mais son look commence à passer et sa technologie prends elle aussi de l'âge.
Il en faudra de la patience pour la clientèle car le constructeur Allemand va prendre tout son temps, une gestation infinie qui enfin s'achève en 1989. C'est cette année que la toute nouvelle "SL" est présentée elle porte le type "R129". Bruno Sacco est une fois de plus celui qui valide le dessin et fait entrer Mercedes dans l'ère des années 90. Le bond dans le temps entre l'ancienne et la nouvelle "SL" est spectaculaire tant elles semblent différentes, c'est simple, l'ancienne "R107" ressemble déjà à une voiture de collection! Bruno Sacco frappe fort car le style de cette nouvelle "SL" est résolument moderne et sportif, il marque une rupture très franche. Elle est pourtant 10 centimètres plus longue et deux centimètres plus large, on croirait cependant qu'elle est d'une autre échelle, ce qui est donc faux.
Pourtant elle semble large, assise sur ses roues et près du sol. Son avant reste pourtant dans l'esprit de Mercedes, feux horizontaux, clignotants orange striés aux coins, et large calandre centrale incrustée dans un long capot décoré par une monumentale étoile. Les boucliers sont enveloppants et peints dans une teinte mate approchante, le capot offre en revanche peu de relief, seul deux plis s'étirent des coins de la calandre.
Vue de profil, elle laisse admirer un dessin remarquable avec ce pare-brise incliné et une simplicité des lignes qui ne la démoderont jamais. Les longues ailes avant s'offrent de petits extracteur d'airs rendant ainsi hommage à la "300 SL" des années 50. Le partie basse des flancs est recouverte d'une pièce en plastique lisse d'une couleur nuance caisse mais mate et un peu granuleuse. Cet apport "coupe" la voiture en deux et la rends visuellement plus basse, plus fine, elle semble aussi un peu bicolore, comme si elle jouait avec les lumières. Cet un élément esthétique est commun au reste de la gamme et sonne comme la signature Mercedes de l'époque.
L'arrière s'offre une malle bien horizontale lisse et impose des feux étirés et striés comme l'ancien modèle. Mercedes qui avait commencé à travailler sur des feux triangulaires biseautés sur le reste de la gamme n'a pas osé cet effet visuel sur son nouveau roadster, sans doute une prise de risque trop audacieuse, autant garder ce qui séduit. Le bouclier lisse est lui aussi diamétralement opposé aux fines lames de l'ancienne "SL". Il adopte également ce revêtement dans une autre harmonie plus claire où plus sombre suivant la teinte choisie.
Bref, la prestance que dégage cette nouvelle décapotable est forte, en plus le hard-top est offert en série et une fois monté, il la transforme en un coupé d'une rare élégance.
C'est là encore deux univers qui s'offrent aux clients en ouvrant les portières, un véritable saut dans le futur! On découvre une planche de bord certes classique et qui rappelle celle des "190" et "W124" mais qui là encore n'a plus aucun point commun avec l'ancienne "R107". Et puis cette fois Mercedes ne joue plus au radin et offre de série un équipement très riche et moderne avec de nombreuses fonctions électriques comme les sièges où la capote par exemple. Tout un ensemble de boutons est destiné à diverses fonctions et gadgets, c'est un peu l'Amérique et c'est aussi un signe aux clients de l'Oncle Sam que fait Mercedes. Avec du cuir, des boiseries et une superbe moquette, la nouvelle "SL" affiche une finition impeccable qui en plus peut se montrer chaleureuse en choisissant des harmonies de couleurs claires et une teinte de carrosserie colorée. Sinon vous pouviez toujours la commander grise avec une sellerie noire, bof...
Mais avant tout, la nouvelle "SL" joue sur la carte de l'avant-gardisme et se veux être la vitrine du constructeur. Ainsi elle s'offre un arceau escamotable à l'amorce d'un tonneau, un freinage ABS, un "ASD" qui est un différentiel à glissement limité, un "ASR" qui est déjà un antipatinage et un "ADS" qui est une suspension pilotée à correction d'assiette gérée électroniquement et offrant 4 choix de confort.
Avec un si beau Curriculum vitae, il n'était pas possible que de lui offrir de nobles mécaniques. L'offre débute avec un six cylindres en ligne 3.0 litres de 180 chevaux mais réservé à l'Allemagne, en France on débute avec la même version mais avec une culasse à 24 soupapes pour celle qui reprends le nom de "300 SL", elle affiche déjà 231 chevaux. mais le top du top est la "500 SL" à moteur V8, un bloc 5.0 litres 32 soupapes de 326 chevaux, on peut parler de l'une des meilleures voitures du monde à ce moment.
La presse est scotchée, le public est baba, sa ligne, sa technologie, ses moteurs son équipement, elle devient la voiture qui fait rêver et celle qui orne toutes les couvertures de la presse automobile. Mercedes crée un véritable phénomène avec cette voiture, sa conception aura pris du temps mais le résultat est au dessus de ce qu'ils pouvaient espérer. Moi même j'en achèterais deux! Oui...au 1/43 chez "Solido", une décapotée rouge et l'autre avec son hard-top noire, 60 francs pièce, un petit sacrifice pour moi à l'époque, j'avais 15 ans!
Mais attention, un tel bijou et un tel concentré de technologie avait un prix et celui de la "SL" était corsé! Mais elle plait tant que les commandes explosent, les Américains qui avaient l'ancien modèle la commandent tous, la jet-set aussi tout comme les riches hommes d'affaire, les sportifs où les comédiens, c'est la voiture des stars.
A Stuttgart on va doucement la faire évoluer mais on a conscience qu'il ne faudra pas la dénaturer. En 1992 un modèle encore plus fort est proposé, la "600 SL" à moteur V12! Oui, ils ont réussis à le positionner devant! Ce bloc 6.0 litres à 48 soupapes affiche 395 chevaux mais attention, le roadster 6 cylindres de base est lourd, la V12 est un tank qui frise les deux tonnes d'acier!
En 1996 la gamme est rafraîchie, clignotants blancs, peinture intégrale de série qui abandonne l'effet "bicolore", prises d'air sur les ailes au style plus large, nouvelles jantes au dessin plus moderne et nouveaux feux arrières au fond coloré revu. Idem à bord où l'équipement est remis à jour et la présentation retravaillée légèrement. On note aussi une option hard-top vitré, génial!
En 1998, les six cylindres en ligne disparaissent pour laisser place à des V6. On trouve un 2.8 litres de 204 chevaux pour la "SL 280" et un 3.2 litres de 324 chevaux pour la "SL 320" car oui, les noms changent aussi.
En 2001 elle cesse d'être produite et aura séduit en 12 ans de carrière environ 213.000 clients, l'ancienne "R107" se sera quand à elle écoulée à 300.000 exemplaires mais sur 18 années!
Comme je vous le disais, c'était la voiture des millionnaires mais aussi du ghota mondain, la preuve, la voiture exposée ici était celle de la Princesse Diana! Elle avait mise de côté son cabriolet XJS pour lui préférer cette décapotable Allemande qui faisait tourner la tâte de tous les amoureux de voitures...mais des autres aussi. Celle-ci est un "500 SL" de 1991 équipée du moteur V8 de 326 chevaux.