A Ingolstadt...
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Audi ASF Concept."
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Douceur brut."
Succès confirmé pour Audi dans les années 80, ses gammes 80/100 et 200 sont sacrées par la V8 produite entre 1988 et 1994. Désormais Audi à atteint son objectif, entrer sans le cercle très fermé des "premiums" Allemands. Cette V8 justement était un peu inattendue, une sorte de surprise mais faite de manière maladroite. Si la grande berline offre bien des qualités, elle a été réalisée sur la base de la berline 100 et son look banal et pas très valorisant lui nuira en terme d'images et de vente. Mais pour Audi cette voiture était une sorte de "test" visant à parachever un vrai haut de gamme prévu juste après et totalement inédit, l'A8.
Nous sommes en 1994 et Audi découvre l'alphabet, la lettre A devient celle qui prendra place devant chaque modèle. La A4 ouvre la gamme suivie de la A6 puis de cette toute nouvelle A8. elle fait son apparition au salon de Genève 1994. Cette fois, tout est nouveau et Audi relève ses manches pour tenter d'imposer un modèle crédible face aux ténors du secteur que sont la Mercedes Classe S et la BMW Série 7. Une partie d'échec qui s'annonce compliquée et dont il va falloir user de beaucoup de stratégie.
Commençons par la forme et citons ses deux dessinateurs que sont Chris Bird et Dirk Van Braeckel. Cette A8 à une véritable prestance et en impose. Elle sais aussi rester douce avec des formes arrondies et rassurantes. Depuis peu Audi orne ses modèles d'une véritable calandre, c'était jadis un point faible, une véritable signature visuelle. Les feux assez fins débordent sur les ailes et cette proue est beaucoup moins massive que celle d'une Mercedes mais plus douce que la BMW. Le bouclier lisse affiche aussi une volonté de ne pas heurter les clients, l'A8 reste discrète mais ses dimensions en imposent tout de même avec près de 1.90 mètres de large.
Le regard se tourne sur le côté et s'il n'y a pas de grande surprise, l'A8 ressemble à une grande A4, la longue voiture joliment dessinée affiche une sobriété de bon ton. Chaque détail est soigneusement agencé, rien ne dépasse, hormis des passages de roues bien marqués et le look général qui lui offre une stature que je qualifierais du "juste milieu", ni trop musclée, ni trop rachitique, la A8 est une fausse maigre en quelque sorte. Ce qui assure cette harmonie est la forme de son pavillon qui fait presque un arche s'achevant sur des pieds de caisse arrières bien inclinés et assez minces, le tout étant allégé par la vitre de custode. Reste que la A8 mesure tout de même plus de 5 mètres de long, un beau morceau!
Les gros blocs de feux arrières ont pour mission de lui donner ce popotin massif et légèrement surélevé. Ils reprennent le style de l'ancienne 80. Pas de plis sur cette partie arrière là encore très douce, voire organique. Il faut dire que dans cette période des années 90 on a éradiqué les angles, le "bio-design" est très à la mode et les formes tendres et rebondies sont très appréciées du public, bref, on veux du "cocooning" visuel, zen restons zen, "Zazie" 1995 mais je m’égare.
En revanche ce que l'on ne voit pas est pourtant l'un de ses plus grands arguments, sa carrosserie entièrement réalisée en aluminium. Symbole de légèreté mais aussi de coût élevé, ce matériau lui fait gagner un poids précieux mais se montre être un problème en cas d'accrochage, il est complexe à réparer et demande une main d'oeuvre qualifié.
Pas de grandes surprises à bord où l'ambiance Audi est bien présente. La planche de bord aux formes douces affiche des matériaux qui rivalisent sans complexe, voir surpassent ses deux ennemies. Le conducteur se trouve face à un bloc d'instrumentation très classique avec ses compteurs ronds sous une sobre casquette. La large console centrale atteste d'une montée en gamme et d'une auto volumineuse. On y trouve encore de boutons à touches mais le tout est fabriqué avec des plastiques de très belle qualité et de belles boiseries habillent cette planche de bord vraiment raffinée. Si la plupart imposent de jolis cuirs pour les habillages, du tissu est de série sur les modèles d'entrée de gamme. Mais ce vaste habitacle très confortable et luxueusement présenté et équipé tenait la dragée haute à Mercedes, BMW et même Jaguar.
Si son appellation invite à penser que son capot loge un V8, c'est vrai et faux. Car oui, l'A8 met cela en avant, ce bloc remarquable 4.2 litres de 300 chevaux accouplé à une transmission intégrale Quattro, c'est à ce moment l'Audi la plus luxueuse jamais produite depuis l'après guerre. Du coup elle éclipse une version de plus petite cylindrée, le 3.7 litres de 230 chevaux. Mais c'est oublier que l'entrée de gamme se faisait avec un plus modeste V6 2.8 litres de 193 chevaux.
La A8 fait l'unanimité, elle est à niveau égal, voir supérieur à ses rivales, c'est l'une des grandes berlines les plus aboutie qui soit, le "must" de ce milieu des années 90. Elle doit aussi répondre à une clientèle qui paradoxalement veux du diesel! En 1997 Audi lui monte un bloc TDi 2.5 litres de 150 chevaux. Coup de chance, Audi s'est fait une spécialité de ces mécaniques à "huile lourde" et la greffe est convaincante, bien que contre nature pour moi. L'avantage, elle peut faire 1000 kilomètres sans ravitailler, un vaisseau long courrier. Ah, n'oublions pas que la gamme est disponible en version allongée de 13 centimètres.
Retouchée en 1999, l'A8 dépoussière un peu sa carrosserie et sa présentation mais très discrètement. Les mécaniques sont gonflées, les V8 de 3.7 litres sortent maintenant 260 chevaux et les 4.2 litres 310 chevaux. En 200 le TDi en affiche 180 mais Audi frappe fort en installant un V8 TDi 3.3 litres de 225 chevaux, un sacré tracteur!
C'est la course à la puissance et en 2001 Audi monte encore d'un cran, un moteur inédit W12 intègre la gamme. Frt de 6.0 litres de cylindrée, il sort 420 chevaux, un véritable porte étendard de la marque, la plus chère de toutes les Audi. Originalité de ce moteur, c'est l'assemblage de deux VR6 Volkswagen. Au final, c'est tout simplement la berline de série la plus puissante du monde, Mercedes et BMW sont dépassés!
En 2002 la carrière de cette A8 première génération prends fin et 105.092 A8 seront sorties de chaînes d'assemblage d'Ingolstadt, le pari est gagné, Audi est devenu un acteur majeur du haut de gamme.
La voiture ici exposée n'est pas l'Audi A8 mais son concept dévoilé au salon de Francfort en 1993. Sa ligne est définitive tout comme son habitacle, seul quelques détails seront modifiés sur la version de série mais bien peu. ASF signifie Audi Space Frame, elle mettait déjà en avant sa carrosserie entièrement en aluminium mais était déjà équipée du W12 qui lui sera offert en fin de carrière. ce bloc était ici différent car il s'agissait d'un ensemble 4.8 litres de 354 chevaux.