A Lyon...
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Citroën CX 2400 GTi."
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Orange dynamique."
Prendre la succession d'une icône automobile est toujours un terrible casse tête pour un constructeur. Et chez Citroën remplacer la DS sera un véritable challenge. Tout le monde le sait, le "coup" médiatique de 1955 sera impossible, nous sommes presque 20 années plus tard et en pleine crise énergétique, le monde de l'automobile à beaucoup évolué.
En 1974, celle qui succède à la DS arrive, elle se nomme CX et son dessinateur Robert Opron en a conservé sa silhouette. Vue de profil, elle garde cette allure bicorps avec cet avant relevé et un arrière qui descends, une allure effilée et gracieuse qui à défaut d'être révolutionnaire est réussie. Bon, les tatoués de la DS n'y trouveront jamais leur compte mais avec le recul et en la regardant dans les détails, la CX est un sacré coup de crayon. Les traits sont plus anguleux, plus vifs, les phares expressifs lui offre une véritable personnalité et les détails subtils sont nombreux, faisons en le tour. Bossage de capot côté passager, poignées de portes étonnantes, crosses de pare-chocs triangulaires, demi flasques de roues arrières, feux "cathédrale", lunette incurvée, Opron a été plus imaginatif que l'on croit en réalité. Et puis de profil elle adopte une large vitre de custode qui favorise la luminosité mais ne cède pas au hayon, détail que l'on pourra lui reprocher.
A bord bienvenue dans l'univers néo-futuriste et délicieusement kitsch de nos jours des Citroën des années 70/80. Ici il faut oublier ses habitudes et se faire de nouveaux repères, on réapprends presque à conduire tant tout change comparé à la classique concurrence. Mobilier, dessin des accessoires, commodos, instrumentation, dispositions des commandes, Citroën réinvente toujours en essayant d'optimiser l'ergonomie du poste de conduite. Parfois c'est pertinent mais quelque fois...c'est loupé! Mais qu'importe, aujourd'hui les CX phase I s'achèteraient simplement pour redécouvrir cette ambiance unique souvent rehaussée de couleurs improbables comme le bleu, le vert où l'éternel moutarde, ah les années 70 en technicolor, ça change de nos actuelles Volkswagen aussi gaies que ces fourgons funéraires tristement d'actualité...bon, les Français ont aussi suivi ensuite cette lugubre mode qui hélas semble plaire à une clientèle à la recherche d'une qualité tournée vers d'obscurs plaisirs...
Née pour succéder à la DS, elle en conserve la philosophie et la technologie fidèle à l'hydropneumatique. La CX c'est la berline "pullman" par excellence, elle offre un confort fabuleux et se cale à 140 Km/h sur la file de gauche des autoroutes pour des trajets long courrier, là elle ne décevra jamais les propriétaires de DS, mieux sa suspension est moins "chaloupée", les enfants moins malades et les parents plus heureux.
Comme la DS, elle propose des mécaniques un peu ternes et sans relief, elles ne sont pas mauvaises mais offrent peu d'agrément au conducteur. Pourtant en 1977 Citroën va oser proposer une version différente qui mise sur quelque chose d'étonnant et de décalé sur ce type de voitures, la vitalité.
La CX version GTi casse les codes et déroute les clients mais l'idée est bonne au fond. La grande berline aux chevrons s'offre une cure de vitamines et offre une injection à son moteur 2.4 litres qui délivre ainsi 128 chevaux. Le bloc est ancien mais connu, il est en fonte disposé de manière transversale, en revanche la culasse est en aluminium. Ce bond en avant est une sacré avancée comparé à la DS qui plafonnera à 130 chevaux dans sa version la plus aboutie, la 23 I.e.
Au volant on est heureux de retrouver l'aisance de la CX et de voir le compteur "rouleau" enfin défiler à quasi 190 Km/h. En revanche la sonorité est bien banale et elle n'offre pas la sensation de piloter une auto vraiment sportive mais le compromis est réussi.
En ce qui concerne le look, elle reste sobre et bien discrète, on note des feux longue portée placés un peu hâtivement sous le pare-choc avant, des jantes en alliage pleines mais au graphisme très travaillé (en option) et de discrets monogrammes sur les montants de custodes et à l'arrière. Bref, c'est très sobre. A bord on conserve cette volonté de ne pas trop en faire, seul le volant est siglé GTi et offre des trous dans son unique branche et la sellerie optionnelle en cuir est à carrés et au style très Citroën, un "must" aujourd'hui! L'équipement est haut de gamme et offre le grand luxe pour l'époque, la CX GTi, c'est vraiment la berline rêvée de nombreux pères de famille, voir de célibataires!
Elle évolue en 1980, le chrome disparaît petit à petit, le noir satiné le remplace sur de nombreux accessoires, ça fait plus moderne et plus sportif. Les poignées de portes y passent tout comme les montants de custode arrières, on trouve même désormais un becquet en mousse sur le couvercle de coffre, qui aurait imaginé ça sur une DS? L'année suivante, en 1981 les ailes avant adoptent un déport plus large pour laisser mieux passer les jantes chaussées de pneus "TRX", la GTi se muscle doucement mais rien ne change sous le capot...pour le moment. Car en 1983 elle change de mécanique pour un bloc 2.5 litres plus puissant, passant à 138 chevaux elle tutoie enfin la barre symbolique des 200 Km/h.
Mais en 1984, la CX qui semble avoir des fans dans ces variantes musclées lance une version qui va envoyer du lourd, la GTi Turbo! Si la grande Citroën se passe de mécaniques 6 cylindres, elle sera la plus dynamique de toutes les berlines Françaises avec ce moteur qui ne demandera qu'à être cravaché. Étonnant d'ailleurs que Citroën ai adopté ce type de motorisations alors que Renault qui en était le porte étendard ne le proposera jamais sur sa R30.
Cette nouvelle Turbo affiche 168 chevaux et offre enfin un agrément de conduite remarquable et ludique qui manquait à la GTi atmosphérique. Cette version quitte alors discrètement le catalogue pour laisser monter en gamme le modèle turbo qui fera beaucoup parler de lui et fera même débat dans la presse à cause d'une campagne jugée un peu trop provocatrice et incitant les Français à appuyer sur le champignon. N'oublions pas non plus la publicité incroyable où une Grace Jones relookée par Jean Paul Goude qui avale au sens propre du terme la CX GTi Turbo dans un clip délirant fleurant bon l'ambiance de folie des années 80.
Au final, la GTi atmosphérique sera produite entre 1977 et 1983, c'est une version qui n'existera qu'en phase I et qui aujourd'hui attire de nombreux collectionneurs.
Vous le savez, j'adore la CX première génération alors quand mon regard à croisé ce modèle orange de 1979, mes poils se sont hérissés! Son état était incroyable et en plus l'habitacle était recouvert d'une sellerie en velours chiné assortie, je n'avais jamais vu ça! Ce qui m'a fait me poser une question, elle à vraiment existé ainsi la CX GTi? Et bien visiblement oui, Citroën en aurait vendu 9 recouverte de cette teinte "Orange Mandarine" (AC437). Il n'en resterait que deux, une ici en France, l'autre vous vous en doutez bien, aux Pays Bas. Celle-ci a été vendue neuve à la succursale de Nanterre le 20 décembre 1978.
Avec un peu plus de 41.000 kilomètres, cette voiture quasiment unique était proposée à la vente mais attention, pour mettre dans son garage cette pièce fabuleuse...il fallait débourser 35.800€. Oui, une belle somme mais pour une voiture dont il reste deux exemplaires et dans un état parfait et avec cette configuration, ça reste discutable, après tout c'est moins cher qu'un SUV neuf et beaucoup plus sympa quand même.